lundi 4 mars 2013

Brigitte au Pays des Merveilles


L'activité était assez simple. Il s'agit d’une petite saynète réalisée à partir d’éléments de dialogues venant des livres de l’auteure.
  1. SMADJA (B.), Il faut sauver Saïd, Paris, L’École des Loisirs, coll. « Neuf », 2003.
  2. SMADJA (B.), J’ai hâte de vieillir, Paris, L’École des Loisirs, coll. « Medium », 1993.
  3. SMADJA (B.), Rollermania, Paris, L’École des Loisirs, coll. « Medium », 1999.
Le but de l’activité, quant à lui, est plus ardu. L’auteure va devoir tout d’abord se rendre compte qu’il s’agit de dialogues de ses livres ; elle devra ensuite essayer de deviner de quels livres viennent les dialogues et, qui plus est, retrouver un maximum de personnages.
Bien entendu, le côté humoristique de la saynète est la conséquence majeure de l’assemblage, à l’instar des surréalistes, de dialogues sortis de leur contexte originel.
 
SONGE D'UNE JOURNÉE PRINTANIÈRE
Brigitte Smadja rentre en classe. Elle porte des lunettes de soleil et tient un magazine féminin; elle est en heure de fourche. Brigitte Smadja dispose quelques feuilles sur les bancs pour l’interrogation à venir. Elle va se rasseoir à son bureau, puis se plonge dans son magazine... Somnolente.

BRIGITTE SMADJA (à voix basse, derrière son magazine) : C’est fou ce que je suis fatiguée. Pourvu que mes petits anges soient calmes. Dès que je rentre, je m’en irai rejoindre le Pays des merveilles. (Rêveuse) J’espère que cet exercice sur la description dans la fiction va leur plaire et qu’ils ont enfin compris le pouvoir des expansions nominales. (Se replonge dans son magazine) Oh ! quelle jolie photo de Val Cento.

Brigitte Smadja continue à lire son magazine, dans le silence le plus total. Jusqu’au moment où les voix s’élèvent et s’entrechoquent. Surprise, elle relève la tête pour voir d’où vient le brouhaha.

TAREK : Saïd, j’ai à te parler. Rendez-vous sur le parking derrière l’arbre.
ALEX (avec un accent bien prononcé) : What the fuck are you doing man ?
ANTOINE (choqué) : Tarek, t’es un taré !
MARIE : Tu me dégoûtes !
ANTOINE (regardant Saïd) : N’y va pas, défends-toi... C’est ton cousin, je sais...
SAÏD : Mais non, on y va. Tu as eu de mauvaises informations, c’est tout.
KARIM (dénigrant Antoine) : T’as raison toi, t’as pas voulu y aller, trop crade pour la princesse.
TAREK (à Saïd) : Tu vas faire exactement ce que je vais t’expliquer.
Saïd se lève, Antoine le rattrape.

ANTOINE : Qu’est-ce que t’as Saïd, t’es malade ?

Alex enchaîne.

ALEX : J’ai rencontré un mec, à la balade du vendredi soir.
MARIE : C’était un moment sympa, non ?
ABDEL : Mais ouais, Alex c’est la reine de la nuit, elle a tous les mecs qu’elle veut.
TAREK : Elle est bien cette meuf finalement.
MARIE : Parce qu’avant je n’étais rien ?
KARIM : Pas toi !
ALEX (commençant un long soliloque) : Des exclus, des incompris, persécutés, martyrisés, pourchassés par des barbares dégénérés...
ANTOINE (la coupant et s’adressant à tout le monde) : Elle perd la boule ou quoi ?
MARIE (ironique) : C’est tellement évident qu’elle a changé ?
ABDEL : Bon Alex, t’arrêtes ton cinéma débile.
KARIM (reprenant le discours d’Alex) : Toujours les mêmes tarés dont tu m’as parlé au début de l’année ?
Tarek se rapproche de Marie et commence à vouloir lui caresser les cheveux.

MARIE (énervée) : Ne me touche pas. Ça marche plus. Je m’en fous.
Abdel attrape les deux bras de Marie tout en rigolant. M. Théophile rentre.

M.THÉOPHILE (d’une forte voix) : Bande de salauds. Bande de lâches. Quel exemple vous donnez à vos petits frères ? Criminels !
ANTOINE (à Marie) : Il va les éclater.
KARIM (d’une voix perverse en se moquant de Marie) : C’est galère... le grand écart.
SAÏD : Si tu touches à ma sœur, je te tue.
ALEX (avec un accent bien prononcé) : What the fuck are you doing man ?
Brigitte Smadja enlève ses lunettes de soleil. Elle se frotte les yeux pour mieux voir. Elle est très surprise car elle ne reconnaît pas ses élèves. Elle continue à écouter ce que les jeunes devant elle se disent. Marie est choquée.

KARIM : Tu dramatises toujours. T’es vraiment du genre à t’angoisser comme nana. Allez Marie, ne fais pas cette tête.
TAREK : Tu es un bon à rien, tu me fais honte.
Antoine change de sujet.

ANTOINE (triste) : Mes parents s’aiment beaucoup, mais ils ne s’aiment plus. 
SAÏD : Ils n’ont pas l’air de plus s’aimer, ils ne se disputent pas, ils ne se regardent pas en chien de faïence.
KARIM (en dehors de la conversation) : On n’est pas amoureux quand on est mômes.
ALEX : Arrête, t’es dur là.
M.THÉOPHILE (dépité) : Parce que ce n’est pas ton secteur. Quelle stupidité !
ABDEL : C’est quoi ces conneries que t’as racontées ?
ALEX : Tu peux pas comprendre, Abdel, t’es comme moi, tu fais du latin, tu rates une grande partie des nouvelles.
SAÏD : C’est super !
ABDEL: Qu’est-ce que c’est que ce truc ? C’est naze, où t’as trouvé ça ? 
TAREK : Tu es un bon à rien.
SAÏD : J’ai pas choisi, c’est pas de ma faute.
M.THÉOPHILE (dévisageant Tarek) : Je ne te lâcherai pas, Saïd. Tu peux compter sur moi.
TAREK (imitant M. Théophile, mais avec l’accent arabe) : Tu es un bon élève ...
ABDEL : ... Tu es petit ...
TAREK (imitant M. Théophile, mais avec l’accent arabe) : ... Ce sera très facile.
SAÏD (en colère face à la méprise de Tarek) : On n’est pas français nous ?
KARIM : Il y a pire comme maladie. Il y a le sida ou pire encore : la ménopause.
ABDEL : Je sais pas.
M.THÉOPHILE (narguant) : Vous devriez mieux tenir votre classe Madame Smadja. (Il secoue Brigitte Smadja qui commence à se réveiller). Brigitte ! Brigitte ! Bri-git-te !
BRIGITTE SMADJA : Mais voyons, que se passe-t-il ?
M. THÉOPHILE : Vous dormiez... Vos élèves vous attendent. Je ne sais quel songe vous avez pu faire, mais il est l’heure de retrouver la réalité. 
Antoine Tintin

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