jeudi 9 mai 2013

Qu'il fût lu?

ORSENNA (E.), Les Chevaliers du Subjonctif
             Paris, Le Livre de Poche, 2005. 
     
    Les Chevaliers du Subjonctif reste dans la lignée de La Grammaire est une chanson douce. Ce deuxième tome romance encore une fois la grammaire française, mais ne s’attarde plus sur les classes grammaticales. Il met en avant les différents modes de conjugaison et se centre véritablement sur le subjonctif qui tombe de plus en plus en désuétude.

     Nous retrouvons dans ce roman les protagonistes de La Grammaire est une chanson douce. Jeanne est devenue une adolescente en quête d’amour et son frère rêve d’aventures. Toutefois, le contexte n’a pas vraiment changé : Nécrole est toujours le dictateur de l’Archipel des Mots et Mme Jargonos toujours à son service. La police traque tous les opposants...


ORSENNA (E.), Les Chevaliers du Subjonctif,
Paris, Le Livre de Poche, 2006.
     Tout va relativement bien jusqu’à ce que Thomas disparaisse et que Jeanne soit arrêtée. C’est avec l’aide du cartographe qu’elle va pouvoir être libérée et partir à la recherche de son frère. Après avoir survolé plusieurs îles, ils atterrissent sur l’île des Subjonctifs, les ennemis de Nécrole. Jeanne va découvrir à travers ce peuple le pouvoir de l’imagination et de la liberté. Elle comprendra également que l’amour est une variété du subjonctif, le mode du rêve et du désir…

     Il est vraiment agréable de lire ce texte aux accents poétiques : Orsenna nous offre un monde plein de merveilles grammaticales. Les petites illustrations qui égayent notre lecture font penser à celles du Petit Prince de Saint-Exupéry, roman qui m’accompagne depuis ma plus tendre enfance.

     Comme je l’ai dit, avec Les Chevaliers du Subjonctif, Orsenna retrace le destin du subjonctif que nous essayons de supprimer tant bien que mal, à l’instar de Nécrole, pour lui substituer un parfait et si « simple » indicatif. Cette réflexion sur l’emploi des différents modes et leur signification revient comme un leitmotiv tout au long du récit. 

     Je pense qu’Orsenna s’est véritablement attardé sur l’apprentissage du subjonctif car c’est un mode assez complexe et qui est de moins en moins utilisé, surtout à l’oral. Je pense que ce livre permet enfin de nous expliquer l’utilité de ce mode : c’est le mode du possible, le mode de l’amour, le mode du rêve. Et c’est en cela que Nécrole est effrayé. Lui qui vit sur l’île de l’indicatif, le mode de ce qui est, se doit d’avoir peur du possible : ce qui est possible, c’est tout ce qui peut exister.  

     J’ai eu l’occasion de lire les trois premiers romans de cette suite grammairienne. La Grammaire est une chanson douce qui s’attardait sur les classes de mots et les rapports qu’ils entretiennent entre-eux ; Les Chevaliers du Subjonctif qui expliquait les différents mode et l’importance du subjonctif ; La Révolte des accents qui traite de notre paresse actuelle qui consiste à omettre les accents, surtout dans le langage SMS. Pour ce qui est des deux suivants, Et si on dansait ? et La Fabrique des mots, je me réjouis de les lire. J’espère que l’art d’Orsenna qu’on retrouvait dans les trois premiers tomes sera également présent dans les deux derniers.

     Je terminerai en disant que je conseille Les Chevaliers du Subjonctif aux petits, aux moyens et aux grands : Les Chevaliers du Subjonctif est un livre universel qui se décline à tous les âges. J’en parlais d’ailleurs avec ma grand-mère et elle me disait qu’elle hésitait toujours pour certaines formes de ce mode de la conjugaison ; pour ce qui est de mon frère, n’en parlons pas : un indicatif vaut toujours mieux.

     Ce livre peut redonner courage à ceux qui commencent à en manquer ; ce roman peut redonner le sourire à ceux qui commencent à le perdre ; cet écrit peut rendre les humains que nous sommes aux rêves qui s’envolent lorsque l’enseignant emploie le mot maléfique : «SUB-JON-C-TIF ». 
Antoine Tintin 

1 commentaire:

  1. Ces livres ont-ils fait de toi un conservateur de la langue ? Non... je ne pense pas, peut-être un amateur éclairé des outils langagiers. Tant mieux ! Tu pourras ainsi transmettre cet enthousiasme à tes élèves.

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