mardi 26 mars 2013

Junk, un livre pour toutes les Marie Rouana du monde


BURGESS (M.), Junk, Paris, Gallimard, coll. : « Scripto », 2002.
Bonjour, je m’appelle Antoine et je suis drogué [à ce livre].  

     Dr House, Weeds, Fish Tank, Requiem for a dream... Quelques-uns des exemples qui prouvent que dans notre société du 21e siècle, le mythe de la drogue et de l’alcool n’en est plus un ; c’est une réalité nocive menant le troupeau de ses adeptes dans un état léthargique. Que faire alors avec les jeunes, comment les sensibiliser ? C’est à partir de là que Junk va nous permettre une approche de ces assuétudes. 

     Nico, 14 ans, décide de s’enfuir de chez lui où, chaque soir, il retrouve un père violent et une mère alcoolique. Dans sa course, il entraîne Gemma, sa petite amie : elle est intéressée par l’aventures et les expériences. Ils vont rencontrer d’autres jeunes dans leur cas et, de fil en aiguille – sans mauvais jeu de mots – ils vont toucher à la cigarette, puis au joint pour en finir à l’héroïne.

« Je lui ai tendu un paquet de Benson.
- Cigarettes ?
- Non merci, je ne fume pas.
- Tu y viendras, j’ai répondu.
Presque tous ceux qui vivent dans la rue fument.
- Vos poumons vont être noirs de nicotine, il a dit. »
BURGESS (M.), Junk, Paris, Gallimard, coll. : « Scripto », 2002, p. 39.

     Cent vingt-quatre pages plus tard, Nico touche pour la première fois à l’héroïne et commence pour lui une longue descente aux Enfers.

« Puis j’ai pensé : « Qu’est-ce que j’ai à perdre ? »
Rob m’a tendu le briquet, je l’ai allumé, je l’ai placé sous la feuille et j’ai regardé la poudre blanche se transformer en une petite pâte marron qui roulait le long de la pliure. Puis j’ai dit « Glop » et... »

BURGESS (M.), Junk, Paris, Gallimard, coll. : « Scripto », 2002, p. 163.

     Mais Nico n’était pas destiné à devenir un héroïnomane. Sans Gemma, je suis persuadé que sa fugue aurait été tout autre. Il aurait bien sûr rencontré les mêmes personnes... mais il ne se serait jamais rapproché de Lily et Rob ; il n’aurait pas été incité à toucher à l’héroïne (p. 162) ; il n’aurait pas fini par toucher le fond ; il ne serait jamais allé en prison. Gemma a été tout sauf un trésor pour Nico. Elle disait l’aimer, mais cela n’est pas vrai. Elle aimait l’Homme Titane... celui qui a osé quitter ses nouveaux amis dont Richard pour la rejoindre elle et se cloîtrer dans les coulisses des ténèbres.

     Je le disais, j’ai vraiment été surpris positivement par le roman. Ce livre, écrit il y a quinze ans, reste incroyablement actuel. Comme je le disais, de plus en plus de jeunes sont livrés à eux-mêmes et finissent dans les filets de l’alcool ou de la drogue. Pourtant, la première réaction face à ces assuétudes est le reproche et non la prévention. Pourquoi des jeunes aux USA aient décidé de tremper des tampons dans de la vodka et puis de se les mettre dans le ***, histoire d’être directement bourrés et de faire davantage la fête. Comment se fait-il que le problème d’alcool chez les adolescents au Royaume-Unis et dans bien d’autres pays soit aussi important, voire en hausse ? Pourquoi la jeunesse actuelle ne rêve que de soirée « Projet X » ou « Skins » ? Voilà bien des questions posées par la société... Qu’en trouverons-nous un vaccin à la maladie Drugs? Je trouve qu’en cela ce livre mérite d’être lu par nos futures classes.

     Toutefois, je l’ai déjà dit en classe, je n’ai pas aimé la morale du livre, et la réaction de mon frère a été la même après qu’il ait lu le ce récit. La fin est un bad trip. Nico, le jeune garçon battu par son père et vivant avec une mère alcoolique fuit. Jusque là, OK. Toutefois, il n’arrivera jamais à s’en sortir... Il finira en prison et loin de sa fille. Gemma, quant à elle, fuit ses parents qui ne lui font absolument pas vivre un enfer. Elle finira par rentrer chez elle, ses parents lui pardonneront et le monde de la drogue restera dans son passé. En somme, l’erreur de Gemma lui est pardonnée et la vie douloureuse de Nico continuera à le poursuivre et en fera un junkie.

     Pour sortir des films classiques en ce qui concerne les assuétudes, je vous conseillerai « Fish Tank » dont l’héroïne Mia est une adolescente, vivant avec une mère violente et une jeune sœur horriblement grossière, et dont l’action se passe dans le comté d’Essex, près de Londres. Une autre manière de comprendre pourquoi les jeunes peuvent tomber dans ces assuétudes et un film de qualité que je vous conseille vivement. 


Antoine Tintin

1 commentaire:

  1. Le plaisir de l'ivresse (quelle qu'elle soit, celle de l'alcool, de la drogue,...) est de désinhiber son utilisateur... Cette absence de barrière, de cadre est vécue par les jeunes comme une liberté profonde... ce dont malheureusement ils ne se rendent pas compte, c'est que cette ivresse est aussi une prison... Puisque pour ressentir ces mêmes effets, il faut reprendre cette substance... Est-on libre, dès lors ?

    Le film dont tu parles a l'air très intéressant, un de plus sur ma liste!

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